mercredi, juillet 28, 2004

Du colonialisme

J'entend beaucoups médire de la colonisation. Pourtant, outre qu'elle à mis un terme au canibalisme et à l'esclavagisme, elle a été un formidable occasion pour le colonisé de voir les choses d'un autre angle, d'élargir son esprit et son regard, de se forger un esprit critique. Là c'est de la culture ! Savoir que telle façon de penser qui est totalement absurde chez eux sera peut-être parfaitrement logique pour nous, ça permet de prendre du recul sur la vie de tous les jours. Confronter les façons de penser et de voir le monde de différents auteurs (au sens large), ça fait avancer.


D'ailleur elle fut largement désintéréssé et couteuse pour les Français. Démocratiser la culture dans toute sa diversité, la rendre plus accessible au plus grand nombre, sans barrière ni clivage social par la colonisation. Car chaque organisation, publique ou privée, a une responsabilité incontournable et irréfutable envers l’humanité. Pour augmenter et élargir l’éducation et la culture sans conditions, le profit ne doit pas être une préoccupation principale : c’est cette responsabilité qui doit être importante. La culture est salvatrice, parce qu'elle est irremplaçable pour ouvrir les esprits, les rendre plus tolérants et aussi les distraire. Et donc la culture n'est pas et ne doit pas être un bien sur lequel on fait du profit. Quand on
cherche à faire du profit, on fait ce qui va plaire au plus grand nombre, donc au colonisés, donc on reste dans le consensuel, on ne cherche pas à présenter quelque chose de différent et on tombe généralement dans le divertissement ou l'on reste chez soi.
C'est çà la culture. C'est aller vers l'autre, chercher à lui faire comprendre notre réalité à nous. Et çà, comme l'élégance, ça n'est pas une valeur marchande. Grâce à nous un peu d'espoir à été semé dans ces contrés arides. Le jour où le plus grand nombre sera à même, par sa culture et ses connaissances, de choisir lui-même sa vérité, il y a peu de chances pour qu'il se trompe. C'est que la culture c'est ce qui constitue l'être humain dans son identité et dans sa diversité : son esprit, son histoire, sa langue, ses traditions, son mode de vie. Elle fabrique ainsi un espace de valeurs communes caractéristiques d'une civilisation. Elle façonne les esprits et
dessine le monde dans lequel nous allons vivre demain. Cette distribution a permis d'observer l'intérêt croissant de la population indigéne pour les choses de l'art et le goût manifeste d'y prendre part.

Comme il faut dire et crier ceci : Si les artistes et penseurs de notre pays, toutes époques confondues, avaient dû attendre pour créer et réfléchir que les étrangers se souciât d’eux, ils seraient encore et largement des pays barbares ! Que serait l’esprit français s’il n’avait été qu’économique ? Est-il étonnant, dans ces conditions, en cette époque lamentable où tous les dirigeants méprisent ce qui n’est pas économique, que « l’esprit » de la nation fasse preuve de totale absence ? Est-il étonnant, dans ces conditions, que les seuls « esprits » invités par les médias, et en particulier par la télévision, soient toujours les mêmes et comme par hasard enthousiasmés par le néolibéralisme et le régime américain actuel, dépositaire de la « vérité » néolibérale, jusqu’au point d’approuver les guerres de Mr Bush et le mur honteux de Mr Sharon ? C’est en rendant l’art accessible au plus grand nombre, comme le proposait Marcel Rioux, que nous pourrons fonder ce nouvel imaginaire aux multiples facettes qui aurait donnait peut-être un sens aux inquiétudes des indigénes.

La culture semble un luxe, à tort, car je crois profondément qu’il est possible de dire avec Schiller que la création artistique est un facteur de transformation du colonisé, de sa la société, l’art représente par excellence l’exercice de la liberté. La culture est ouverture d’esprit, source de joies intenses et désintéressées, génératrice de repères dans un univers souvent inféodé à des exigences de profit et de rentabilité. Elle dote les étrangers des clés de connaissance et des grilles d’interprétation du monde. L’inégalité d’accès à la culture la plus vaste implique donc en corollaire une disparité d’appréhension du réel et de la société qui nous entoure.

Les socialistes savent que l’approche de l’art est un enjeu social et non économique. Le socialisme a connu des moments de rayonnement fort avec la colonisation, mais il a aussi traversé des périodes noires, avec la décolonisation. Ainsi va la vie qui, dirait la sagesse populaire, n’est pas rose tous les jours. Ce qui importe, c’est la sincérité du projet politique, économique, social et culturel que défend le socialisme. La qualité intrinsèque de l’art, pouvoir tenir discours et notamment discours social, place naturellement la culture au cœur du projet que nourrissent hommes et femmes de gauche… L’enjeu pour le socialisme est de conserver à l’acte créateur sa capacité unique de révéler l’humain et sa force subversive dans un univers majoritairement dédié au profit. L’enjeu est d’affirmer la « productivité » de l’art au sens où Marcel Hicter l’évoquait : non au sens économique mais productif de valeurs, d’images, de symboles, d’idées. Par l’activité créatrice, l’homme contribue à se produire lui-même en tant qu’homme, c’est-à-dire à élargir sa dimension sociale et affective. Là encore, il s’agit de mesures difficiles à prendre et plus encore à faire appliquer, face à la pression des anticolonialistes, y compris émanant de pays du tiers-monde. Mais ce sont des mesures indispensables pour le long terme. La volonté d’exclure du secteur marchand des activités de type éducatif et culturel paraît également légitime, mais elle peut avoir des conséquences négatives, en encourageant le renfermement sur soi et le communautarisme.

Et d'ailleur si l'on ne veut que penser "profit", alors on sera bien obliger de constater que ce sont les pays ayant le plus longtemps, le plus profondément eut accés à la Culture qui aujourd'hui, des pays sous développpés, s'en sortent le mieux.